L'aventurier Harry Quatermain, le film d'Allan Quatermain, décide de partir sur les traces de son père, à la recherche des légendaires mines du roi Salomon...
Les années 1950 ont été une décennie fertile en films d'aventures hollywoodiens. Lesgrandes compagnies cinématographiques cherchaient en effet à lutter contre laconcurrence de la télévision en proposant des divertissements spectaculaires. C'est untemps pour les grands péplums (Les dix commandements (1956) de Cecil B.DeMille...), les films de cape et d'épée (Scaramouche (1952) de GeorgeSidney...) et les aventures médiévales (Ivanhoé (1952) de Richard Thorpe...).C'est aussi le temps d'une certaine renaissance du film d'aventures exotiques, qui avaitauparavant connu un important âge d'or aux débuts des années 1930 (ne citons que lecélèbrissime Tarzan, l'homme-singe (1932) de W.S. Van Dyke...). La grande firmeMGM produit donc à grands frais une nouvelle adaptation du célèbre roman de H. RiderHaggard Les mines du roi Salomon (1950), interprétée par Stewart Granger etDeborah Kerr, et filmée par Compton Bennett et Andrew Marton dans d'impressionnantsextérieurs d'Afrique et des parcs naturels américains. Neuf ans plus tard, la mêmefirme a la curieuse idée de donner une suite tardive à ce classique, appelée Watusi.Comme réalisateur, on choisit Kurt Neumann. Son titre le plus célèbre est certainement Lamouche noire (1958), classique de la science-fiction dont David Cronenberg fera unnon moins fameux remake : La mouche (1986). Neumann n'a pas uvré que dansle fantastique : on lui doit aussi de nombreux films d'aventures exotiques, parmi lesquelsplusieurs Tarzan interprétés par Johnny Weissmuller (Tarzan et les amazones (1945)...).Harry Quatermain est interprété ici par George Montgomery (ancien boxeur devenucascadeur, puis vedette de la Fox, avant de s'orienter, après la guerre, vers deswesterns et des films d'aventures de compagnies plutôt modestes) et Taina Elg (qu'onrencontrait dans des productions MGM comme le péplum Le fils prodigue (1955) deRichard Thorpe, le film historique Diane de Poitiers (1956) de David Miller, oula comédie musicale Les girls (1957) de George Cukor...).
Watusi a donc été conçu et promu comme une suite de Les mines du roiSalomon (1950), classique du film d'aventures de la firme MGM. On a pourtant plutôtl'impression d'avoir affaire à une sorte de remake. Harry refait le même trajet que sonpère et rencontre des aventures assez semblables, avant d'arriver au village Watusi quijouxte l'entrée des mines du roi Salomon. De même, de nombreuses scènes de Lesmines du roi Salomon sont ré-utilisées, pour les moments les plus spectaculaires oules passages présentant de vastes paysages africains. Le trio d'acteurs du film de 1950 (StewartGranger-Deborah Kerr-Richard Carlson) se substitue alors à George Montgomery-TainaElg-David Farrar dans certains plans (en général, des scènes où les personnages sontde dos, ou filmés de loin). Ces bricolages ne passent pas inaperçus (avec notamment desdifférences de granulation, d'état de la pellicule ou d'étalonnage). Les Watusi,interprétés par d'authentiques membres de cette peuplade dans Les mines du roiSalomon, sont ici incarnés par des comédiens Noirs anglo-saxons (parmilesquels Rex Ingram : Le voleur de Bagdad (1940) avec Sabu...). Bref,contrairement à ce que semble tenter de nous faire croire Watusi par l'usageplus ou moins adroit de divers stock-shots, son équipe de tournage n'a sans doute pasquitté la Californie !
Watusi tente néanmoins d'enrichir son intrigue de départ, largement inspiréepar son prédécesseurs, en y ajoutant un élément de drame humain. En effet, HarryQuatermain ne s'est jamais remis de la mort de sa mère, tuée par les allemands au coursde la première guerre mondiale. Il en garde une haine farouche envers tous lesreprésentants du peuple germanique. Lorsque son expédition est forcée de recueillir lajeune Erica, fille d'un missionnaire teuton, il va se montrer très agressif envers elle.Son aventure, au-delà de la simple recherche d'un trésor, va aussi le mener à sedécouvrir lui-même, et apprendre à renoncer à la violence et la soif de vengeance.Harry Quatermain paraît donc, en premier lieu, un personnage amer, violent, tourmenté,et même assez antipathique, ce qui donne une certaine substance à ses aventures.
Quoi qu'il en soit, les péripéties de Watusi s'enchaînant à un rythmerelativement élevé et l'ensemble, qui dure à peine 85 minutes, à défaut d'êtreoriginal ou passionnant, se suit sans trop d'ennui. On assiste ainsi à des batailles, unecharge d'animaux sauvage (largement constituée de séquences de Les mines du roiSalomon), l'exploration des mines... Néanmoins, on a plus l'impression de regarderune agréable série B en couleurs qu'un classique de l'aventure.
La réalisation de cette suite tardive de Les mines du roi Salomon, tournée àpeu de frais, ne s'imposait pas réellement. En tout cas, ce produit ne supporte guère lacomparaison avec les grands classiques du film d'aventures qu'avait proposés la MGM aucours des années 1950 (Scaramouche, Ivanhoé, Les contrebandiers duMoonfleet (1955) de Fritz Lang...). Mais, à ce moment, cette compagnie allaitfinanciairement plutôt mal et, la même année, elle avait concentrer tous ces moyens surun projet très ambitieux : Ben-hur (1959) de William Wyler, avec CharltonHeston, appelé à devenir l'énorme succès que l'on sait, ce qui redonnera de l'oxygèneà la firme au Lion. Le réalisateur Kurt Neumann, de son côté, mourra peu avant lasortie de Watusi, sa dernière réalisation.
Bibliographie consultée :